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RÉFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE

LES CHAPELLES LITTÉRAIRES

C'est le titre d'un ouvrage où M. Pierre Lasserre a réuni trois études sur Claudel, Janimes et Péguy. Quand elles paraissaient dans la Minewe Française, il s'est attiré des ripostes indignées contre lesquelles il proteste dans sa préface, revendiquant avec raison la liberté de la critique, le droit de ne pas annoncer le buffle des buffles, d'approuver et de blâmer où il lui convient, d'apporter dans l'examen des contemporains le même sérieux et le même détachement que dans l'étude des œuvres du passé.

Il s'est efforcé d'ajouter à l'intérêt de cette critique en la sys- tématisant autour de l'idée de chapelle littéraire, en s'essayant à définir ce que sont une chapelle et la littérature de chapelle. C'est bien. Mais il suffit de jeter les yeux sur les trois noms qui forment sa table des matières pour voir que les trois chapelles dont il parle sont celles de trois écrivains catholiques. Il suffit ensuite de parcourir son livre pour constater que s'il rend hom- mage à certaines qualités lyriques et dramatiques de Claudel, s'il goûte vraiment la fraicheur et la sincérité de bien des poèmes dejammes, s'il admire en Péguy la verve du pamphlétaire, celles de leurs œuvres qu'il condamne sont en général leurs œuvres d'inspiration catholique. Ou plutôt il se refuse à partir de l'inspiration catholique, du besoin, de l'aspiration ou de la croyance religieuses comme centre de leur œuvre; qu'il reven- dique la liberté d'examiner en pur critique littéraire. Il ne se demande pas si certains aspects qui lui semblent bizarres ou sans valeur ne viennent pas de ce que ces chapelles sont appuyées à l'Église. Encore une fois c'est son droit ; c'est même, étant donné la nature et le sens ordinaire de sa critique, son devoir,

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