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710 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

V Amateur d'Ames, — qui feront sans doute penser que, de tous ces esprits « dissolvants » contre lesquels Barrés s'élève, il eût été le plus subtil et le meilleur, s'il eût été plus naturel .

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��PASCAL

��Barrés se fera peut-être catholique, un jour ; j'allais même écrire : Barrés se fera sûrement catholique ; mais il n'y a pas à craindre qu'il verse dans le jansénisme jamais. Je consens que la figure de Pascal lui impose ; mais par tempérament, il reste tout de même plus près de Sanchez et de Loyola. Dès le début de sa conférence (sur Pascal) un mot, une exclamation nous avertit : « Il s'agit, Mes- sieurs, de vous mettre sur le chemin de Pascal, de vous permettre, non pas de l'accompagner (grands dieux ! il ne s'agit pas de cela) ... »

Ce « grands dieux ! » est-il malicieux ? est-il involon- taire ? Je ne sais et peu m'importe ; mais nous sentons aussitôt qu'en effet il ne s'agit point d'accompagner Pascal ; et lorsque aussitôt après nous lisons : « Je vais donc ramasser toutes mes remarques sur un même point (sur un texte très bref, mais le plus significatif) afin de vous amener aussi près que possible de cette grande âme » — nous nous sentons trop loin de Dieu pour être vraiment bien près de Pascal, et nous craignons que le pathétique que voici ne soit surtout littéraire : « J'essaierai de vous conduire où palpitent les minutes sublimes... »

L'angoisse, la véritable angoisse ; Pascal, le vrai Pascal — l'angoisse de Pascal ; non, ce n'est pas un sujet pour une conférence mondaine. Barrés le reconnaît : « Voilà un état d'esprit, dit-il, en parlant de l'état d'esprit de Pascal, dont vous et moi. Messieurs, nous ne pouvons avoir un sentiment exact. » Et nous le reconnaissons avec lui.

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