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Scène X

Les Mêmes. — Podkolièssine.
(Podkolièssine tient un miroir dans lequel il se regarde avec attention.)

Kotchkariov (s’approche de lui à pas de loup et crie très fort). — Pouf !

Podkolièssine (pousse un cri et laisse tomber le miroir). — Espèce de fou ! Mais qu’est-ce que tu as ? En voilà une bêtise ! Tu m’as fait si peur, ma parole, que je ne peux pas en revenir.

Kotchkariov. — Ce n’est rien. Je plaisantais.

Podkolièssine. — Tu fais de belles plaisanteries ! Je ne peux pas retrouver mes sens. Et tu m’as fait casser mon miroir. Un miroir qui coûtait bon. Acheté au Magasin Anglais.

Kotchkariov. — Ah, de grâce ! Je te trouverai un autre miroir.

Podkolièssine. — Oui, je t’entends !… Je les connais ces autres miroirs. Ils vous vieillissent de dix ans et vous font la figure de travers.

Kotchkariov. — Ecoute, c’est moi qui devrais surtout me fâcher. Tu me caches tout, à moi, ton vieil ami ! Ah ! tu songes à te marier ?

Podkolièssine. — Tu radotes. Je n’y ai pas du tout songé.

Kotchkariov. — En voici la preuve vivante. (Il montre Fiôkla.) Et l’on sait quelle sorte d’oiseau c’est là ! Il n’y a rien de mal à se marier, rien du tout. C’est chose chrétienne que le mariage, et même indispensable à la patrie. Laisse- moi faire, je me charge de tout. (A Fiôkla.) Dis-moi un peu de qui il s’agit ; où c’en est ; etc. Noble ? Fille de fonctionnaire ? Marchande ? Et le nom ?

Fiôkla. — Agâfia Tikhonovna.