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■NOTES ' 605

musiques mélodiques. Tout le débat se ramène à l'éternelle question de « l'élite ». Or, cela n'est que trop évident, une salle de répétition générale en 192 1, n'est pas l'Hôtel de Ram- bouillet ou le Salon de M"= de Lespinasse. Les catalogues et les prospectus Dada sont parfaits pour un public qui ne lit plus. M. Durtain dénonce la fausse nouveauté. Mais c'est en vain qu'il espérerait confiner les effets de ce snobisme de barbarie et d'ex- travagance sans l'appui de cette tradition qu'il fait profession de détester. roger allard

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��TORCHES ET LUMIGNONS, par J.-H. Rosny aîné (Editions de la Force Française).

On lit d'une goulée ces souvenirs de la vje littéraire d'il y a trente ans — Grenier des Goncourt, salon de ville et de campa- gne d'Alphonse Daudet, Gil Blas, Echo de Paris première manière, Justice de Clemenceau, Revue Indépendante — avec le même plaisir que ceux de Léon Daudet, c'est-à-dire avec un peu moins de plaisir qu'on ne lit le Journal des Goncourt. Chez Goncourt, même si chacun d'eux est déformé, les traits, dissé- minés de page en page, se complètent ou, se contredisant, s'har- monisent selon la vérité irrationnelle delà vie : ce sont des maté- riaux de construction que le lecteur assemble à son gré. Chez Rosny comme chez Daudet, il y a trop de recul dans la notation pour qu'elle ne soit pas stylisée et schématisée en même temps: ce n'est plus le tout-venant des impressions, le jaillissement de sentences vraies ou fausses, vraies et fausses, c'est du roman his- torique, des natures vues à travers des tempéraments. Rien ne peut remplacer pour les mémorialistes le procédé du journal, quitte, bien entendu, à le réviser avant publication.

Daudet a la truculence du pamphlétaire, Rosny s'efforce de parler sans haine et sans crainte et de scruter les âmes immor- telles de ses originaux et non pas leurs âmes sociales. 11 y a des portraits exquis, ceux de Bonnetain, d'Hervieu, d'Hermant. Mais le plus intéressant, c'est sans aucun doute ce que Rosny, volens nolens, révèle sur sa robuste personnalité d'autodidacte scientiste. « Comme j'ai rêvé sans que cela me cachât le réel ! » — « Tous mes rêves sont profondément nourris de choses vues

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