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RÉFLEXIONS SUR LA LITTÉRATURE

LE ROMAN DE L'INTELLECTUEL

M. Edmond Jaloux a écrit sous ce titre la Fin d'un Beau Jour un roman assurément distingué, mais qui n'est pas son meil- leur. Si j'en crois ce que j'ai lu quelque part, ce roman n'est que le premier d'une série où l'auteur se propose de décrire, en la considérant sous des angles et dans des situations différentes, la vie de l'intellectuel, et il est certain que c'est là une vie aussi intéressante au moins que celle des personnages de Jésus-la- Caille ou de Chéri. Rien de plus louable qu'une telle ambition, et il faut souhaiter ardemment à un écrivain si intelligent et si consciencieux d'en réaliser une partie.

D'autant plus ardemment que s'il y réussit il sera le premier. Evidemment on a écrit de bons romans sur ce qu'on pourrait appeler le petit intellectuel, comme on dit le petit bourgeois, par exemple Charles Demailly. Mais si le roman du grand intellectuel a parfois été tenté, il n'a jamais produit une œuvre viable. Balzac y a complètement échoué dans Louis Lawhcrt. S'il peut sembler avoir réussi dans la Recherche de V Absolu, c'est d'abord parce que le titre en est faux et que les recherches de Balthazar Claos ne font que symboliser dans le relatif la recherche de l'absolu. C'est ensuite que Claës est vu du dehors et non du dedans, que l'intérêt du drame consiste en ce dehors : cette obscurité du centre, dans le tableau, fait un effet aussi puissant que la lumière du centre dans un tableau de Rembrandt ou dans la Nuit du Corrège. La « recherche de l'absolu » nous passionne surtout ici par le mouvement dont elle ronge une vieille fortune de famille, comme dans un autre roman se rétrécit sous le feu d'une vie ardente la symbolique peau de chagrin. Balzac a puis-

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