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NOTES SUR UN ÉVÉNEMENT POLITIQUE ' 567

les parties les plus stables de notre cerveau qu'il frappe d'abord, et il s'imprègne, si l'on peut dire, de leur perma- nence. Celui auquel les Allemands ont accès, est au con- traire en continuelle évolution ; il est suspendu à son propre avenir, comme la sensible à la tonique ; il n'existe que le temps de s'y fondre ; sa stabilité est à jamais future.

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Si l'on réfléchit bien - .portance de cette disparité psychologique, on ne peut plus s'étonner qu'à chaque fois que les diplomates français et allemands se trouvent face à face (et l'on peut prendre qu'à l'heure actuelle ils repré- sentent très exactement les aspirations respectives des deux nations), la même histoire aussitôt recommence.

Les nôtres tout de suite instinctivement se cramponnent ; ils n'ont qu'une préoccupation : celle de ne rien renoncer du droit qu'ils ont réussi à faire écrire et qui leur apparaît désormais comme une sorte d'absolu, soustrait à toutes les conditions de temps et de circonstances, méritant en soi d'être respecté, imprescriptible. Ils aperçoivent bien, dans un vague monde de possibles, ceux par lesquels pourrait être assurée la réalisation de ce droit ; mais ils aperçoivent surtout les transformations, les amoindrissements qui en deviendraient nécessaires, et cette seule vue suffit à les paralyser. Dans le bain où, pour lui donner forme et surtout contenu, il faudrait plonger leur exigence, ils craignent qu'elle n'aille se dissoudre. Ils sont surtout inquiets de la maintenir intacte, de lui conserver tout son volume.

Et peut-on leur en vouloir de cette timidité, quand on voit la France tout entière les suivre et les approuver non pas dans la proportion des avantages qu'ils lui rapportent, mais dans la mesure où ils réussissent à éviter les écorniflures au vain Traité de Versailles. Avons-nous, en conscience, été

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