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530 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

geances, qui sont nourries et comprimées, et enfin conduites là. C'est pourquoi cette corruption des jeunes et la guerre doivent être voulues ensemble ou niées ensemble. C'est pourquoi j'attends beaucoup des femmes dès qu'elles seront juges aussi de ces choses.

Sous une condition pourtant, et qui est singulière, c'est qu'elles abandonnent de leur côté un peu de cette pudeur d'esprit qui les détourne de penser à ce qui est laid, répugnant et vil. Car tout se tient, en ce difficile problème; et, par les solides traditions d'une société fondée et maintenue par la guerre et pour la guerre, la pudeur féminine va aux mêmes finsque l'impudeur masculine; ainsi la science des manières, qui veut que l'on n'use que de mots honnêtes, s'accorde avec l'art militaire, que l'on ne peut nommer honnêtement. D'où vient que Madame de Maintenon est aussi une espèce d'adjudant. Mes amis, tirons un fil après l'autre, sans quoi nous serrerons le nœud.

LA FORGE

Il faut battre le fer. Toute la force des coups de marteau se retrouve dans la barre. La trempe est encore une vio- lence. Or c'est à peu près ainsi qu'on forge une armée: La nature humaine est ainsi faite qu'elle supporte mieux un grand malheur qu'un petit; en d'autres termes, c'est le loi- sir qui fait les iugeurs et les mécontents. Si donc le peuple gronde, cela indique, comme Machiavel voulait, que vous ne frappez pas assez fort. N'ayez pas peur ; celui qui frappe fort est premièrement craint, deuxièmement respecté, et finalement aimé.

C'est ce qu'ont méconnu tous les esprits faibles, qui comp- taient surtout sur l'amitié et sur l'enthousiasme. Mais ces sentiments vifs ne durent pas assez ; ils ne peuvent rien contre des jours de terreur et d'épreuves.

C'est une réflexion bien naturelle que celle-ci : « Soyons indulgents, car ils ont beaucoup souffert, et ils soufi"riront

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