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Ce qu’alors je fis. Et d’abord souffla
Le vent aux sapins. Et la mer boula.
Puis le vent décrut. La mer désenfla.
Et tout doucement la brise coula
Comme de la pluie à travers l’yeuse.
Le soleil baisa la forêt joyeuse
Qui dans un tendre et long balancement
Berçait comme fait un être charmant
Ses nids de mésange et ses nids de graines.


Cet hymne aurait pu plaire à quelque reine,
Mais à la diablesse il ne convint pas
Et je l’entendis maugréer tout bas.


Mon luth alors neigea sur la vallée
Qui s’épanouit comme l’azalée
La plus blanche. Et la plaine immaculée
Se tut. Et les champs et toutes leurs claies
Disparurent dans l’éblouissement :
C’était le livre pur du Tout-Puissant.

Je vis bientôt la diablesse fuyant :
Elle n’aimait la neige ni le vent

FRANCIS JAMMES

1920.