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LETTRES

AVEC COMMENTAIRES

��« Charles !

« Après ce qui vient de se passer, j'éprouve le besoin de vous écrire. Hélas ! ce n'est plus le temps des culbutes sur la plage, le cadran de nos cœurs marque une heure plus grave. Vous l'avez compris, Charles ! Un auteur dont je ne sais plus le nom l'a dit : on ne badine pas avec l'amour ! Vous avez badiné avec le mien. Je n'ai plus de piano : pourquoi, ou plutôt pour qui ? Il y a trois sortes d'intérieurs : l'intérieur coquet, l'intérieur sérieux, l'intérieur artiste. Vous n'aimez pas le laqué blanc ! Vous avez la responsabilité des changements : mon intérieur était coquet. Nous avons commencé par des plaisanteries d'ombrelle sur la plage : aujourd'hui vous me dites que j'ai pesé sur votre destinée et que vous devriez être aux Chargeurs Réunis. Croyez-vous que ce ne soit rien d'avoir changé mon mobilier parce vous n'aimez pas le laqué blanc ? d'avoir vendu mon piano parce que je ne peux pas résister au besoin de tapoter. Vous me dites : « Tu m'as brouillé avec ma mère pour la vie. » Charles ! vous oubliez que je suis restée sept mois sans faire entrer un œuf dans la salle à manger sous prétexte que la vue d'un œuf vous donne des vomissements. J'ai l'esprit de sacrifice, Charles. Je suis

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