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294 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ne sont qu'un accessoire des machines et qu'elles n'auraient même pas fait gouverner le paquebot surtout par le temps qu'il faisait ; sans compter que, rempli d'eau comme il était, je ne serais jamais parvenu à établir les voiles. Elles auraient été enlevées en peu de temps.

On avait préparé des vivres dans six grands canots ; malheureusement quatre ont été défoncés le long du bord et perdus avec les vivres qui y étaient accumulés. La baleinière et le troisième petit canot ne devaient pas nous servir au sauvetage et n'avaient pas été pourvus ; ce n'est qu'au moment de s'en servir que l'on a embarqué quelques litres d'eau dans des bidons et des pains avec des comes- tibles : saucissons, jambons, etc..

Je n'ai pas toujours été d'accord avec le commissaire à propos des vivres et j'ai souvent soupçonné le commissaire de majorer le nombre des repas sur les bons pour faire paraître ses gestions meilleures ; je lui en ai fait quelque- fois le reproche, qu'il prit le plus souvent de très haut ; surtout quand il avait bu un peu plus que de raison, ce qui lui arrivait quelquefois. Quant aux demandes de réparation des emménagements et delà machine, je fis sou- vent des observations comme j'en avais le devoir, puisque j'étais là pour prendre les intérêts de la Compagnie, tout en approuvant les demandes pour réparations nécessaires. De tout cela vient cette accusation de m'être montré toujours de mauvaise humeur quand on venait me trouver. En somme il n'y a jamais eu d'altercation entre mes offi- ciers et moi, excepté avec le premier second capitaine qui était loin de me donner satisfaction dans son service. Et cependant je ne passe pas pour un homme très difficile comme capitaine ; il y a assez de gens à la Compagnie qui ont navigué sous mes ordres pour en témoigner. Du reste, des mouvements d'humeur arrivent à tout le monde surtout à ceux qui ont de la responsabilité.

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