Page:NRF 16.djvu/237

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 231

à l'auteur de poèmes aussi vigoureux, aussi originaux et d'une inspiration aussi élevée que les siens. Mais ces poèmes ne sont pas en très grand nombre. M. Bridges a toujours été le plus économe et le plus exigeant des écrivains. Et la vigueur, lors- qu'elle ne s'accompagna pas d'une certaine ampleur d'horizon, adresse à la postérité un appel qui risque de demeurer chan- ceux. Aujourd'hui, du moins, M. Bridges est notre maître, et il est curieux de voir la prise qu'il exerce sur un troupeau, dont .la plupart des membres n'étaient pas nés, quand il était déjà, lui, au milieu de la vie. Ce n'est pas que son influence directe soit grande : M. Bridges est un poète érudit du métier le plus exquis, et bien peu parmi nos choristes paraissent avoir suivi ses leçons. Il n'en est pas moins vrai que nul d'entre eux ne met en question la position particulière et isolée qu'il occupe. On honore son œuvre dont l'austère perfection établit un critérium, que tout le monde respecte, mais tout le monde ne choisirait pas de plein gré de voir ses œuvres jugées d'après ce critérium.

Parmi la foule de ceux que l'on est convenu d'appeler les « Georgian poets » ', je ne me risquerai pas à mentionner de noms. La nouvelle ère géorgienne est maintenant vieille de dix ans, et nous avons eu depuis lors l'occasion d'assister dix fois à l'éclosion des premiers volumes de dix jeunes poètes. Estimer leurs qualités à tous et être bien sûr de choisir les plus remarquables, demande une recherche spéciale à laquelle on doit se consacrer comme un « scholar » % qui délimite rigou- reusement son sujet afin de s'en rendre maître. Heureusement il se trouve qu'il existe un tel ce scholar » parmi nous : M. Edouard Marsh, qui par son travail personnel est en cons- tant contact avec les bureaux du gouvernement, et les ministres, et qui se garde, en ce qui le concerne, de toute espèce de production poétique, mais un homme dont le public est deux fois le débiteur, car M. Marsh ne se borne pas à être le bras droit des hommes politiques : il consacre tous ses loisirs à

��1. Oîi entend par « Georgian poets », ceux qui ont commencé à publier des vers au début du règne de Georges V.

2. Mot intraduisible, intermédiaire entre «savant » et «lettré» mais entrainant une légère idée d'érudition.

�� �