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AYTRÉ QUI PERD l'hABÎTUDE 187

tsiry. Il faut prendre mille précautions, et surtout ne pas remuer : un simple mouvement peut faire chavirer l'em- barcation qui est plus légère que nos bateaux.

Le 25.

La Matsiry peut avoir à certains endroits jusqu'à i lo mè- tres de largeur. Les Malgaches qui dirigent les pirogues font retentir le ciel de leurs chants incompréhensibles, qui ont cependant leur cachet. Cela fait que la vie nous paraît gaie.

Le 26.

Nous avançons maintenant vers Mahabo par la route. Je tiens à noter ici un petit épisode : tous les jours je vois des bourjanes malgaches revenant du Bétsiriry, qui rapportent quatre ou cinq cadavres enveloppés dans des nattes. J'en interroge un. Il me dit : « Nous pas beaucoup manger, beaucoup mourir là-bas. »

Il y a eu là une incurie, on aurait pu installer des haltes de bourjanes pour protéger les ravitaillements. Combien d'hommes de l'Emyrne sont morts dans ces régions en servant la France. Ne connaissant pas exactement les chif- fres, je préfère me taire ; mais il n'est pas défendu d'être humain.

Le 27.

Les forêts et les montagnes que nous trouvons mainte- nant font contraste avec les pays plats que nous venons de traverser. L'étrangeté des choses à Madagascar répond à celle des hommes. A tous les tournants ce sont des paysa- ges d'une originalité lunatique. Il serait important de savoir au juste pourquoi ils sont comme ça. Quand nous passons de nouveau dans les vallées, j'aperçois quelques noirs en train de faire piétiner leurs rizières par un troupeau de bœufs. C'est leur manière de labourer la terre.

Le 28.

Je voudrais dire quelques mots des différents moyens de locomotion qui existent à Madagascar. Ce sont : i° le filan- zane, espèce de chaise à porteurs basée sur le même sys-

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