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l86 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Ce n'est pas que le général manque d'énergie. Seulement il est mal secondé par quelques subordonnés. Sans cela, l'on viendrait vite à bout des rebelles de Madagascar, qui ne m'ont pas paru si terribles que ça. Le Gouverneur est craint et respecté. Quand on prononce son nom devant un Malgache, celui-ci ouvre de grands yeux comme s'il était en admiration. Il ne faut pas faire erreur : si Thabi- tant est ficelle, son point de vue est assez juste. Il raisonne dans ce qu'il fait sans retirer pour cela à ses actes leur sim- plicité.

J'ai trouvé un petit exemple qui résume les défauts de la politique que l'on a suivie :

Je prends deux cercles insoumis et voisins, que je dési- gne par A et B. Le commandant du cercle B est peu actif, et laisse son monde tranquille : le cercle B se trouve donc par là pacifié.

Les rebelles chassés du cercle A viendront dans le cer- cle B rejoindre leurs camarades qui ne sont pas inquiétés. Les deux cercles, sur les rapports au Général, sont donc pacifiés. Mais la relève des deux commandants arrive. Le nouveau commandant du cercle A suit la politique que suivait auparavant le commandant du cercle B, et l'inverse. Les rebelles qui étaient venus se reposer dans le cercle B font un coup, et voilà le pays en pleine révolution. C'est le jeu de cache-cache et des belles surprises.

Le 23.

L'enquête n'a pas l'air de vouloir aboutir. Nous quit- tons Ambositra à trois heures de l'après-midi. La route n'est qu'un simple sentier, l'on enfonce dans le sable jusqu'aux chevilles. La pluie tombe, et nous sommes com- plètement mouillés ; lorsque le soleil apparaît, nous sommes bien vite secs, car ses rayons sont cuisants : c'est sans doute qu'il ne s'éloigne jamais de la terre autant qu'en Europe : même les nuits sont très claires.

Le 24.

A partir d'ivondio, nous allons en pirogue sur la Ma-

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