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AYTRÉ QUI PERD l'hABITUDE 175

savoir rigoler : je les roule tous les deux, je bois davantage.

Autre chose aussi. Et je puis changer, d'un jour à l'autre.

Même, il faudra assez que je change. Combien est-ce que

je vais toucher, en arrivant à Tananarive ? Ce sera juste.

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��Il V a eu un temps où j'étais préoccupé de savoir pour- quoi certains hommes réussissent, deviennent des minis- tres, des généraux. A présent je pense que cela tient chez, eux à une sorte de défaut, au besoin de se 'sentir encou- ragé, porté par les autres ; ou bien encore complété. C'est difficile à dire, j'ai éprouvé ça : c'est les jours où je suis brouillé avec moi qu'il me faut passer par les villages qui me recevront bien, avec les tambours, et les bananes que m'apportent les vieux du pays, et les danses. Pas très sou- vent, du diable si je monte plus haut que sous-lieutenant. Aytré m'a dit hier : « Moi, ça me suffirait maintenant de rester assis une semaine à regarder grouiller les gens. » Pourquoi l'ai-je connu si tard, il me semblait avant que nous ne pouvions pas nous entendre. Il y a aussi des moments où je me sens si satisfait de moi, et plein, oui, plein, que n'importe quoi va me diminuer : même de bou- ger les pieds, même de dire : ffff. Quand j'étais gosse, que j'avais copié dans une composition, toute une semaine il m'aurait bien suffi pour être content de me répéter : j'ai triché. Et de voir venir. Il y a des jours où je voudrais me faire un savant : et sur les mœurs des Malgaches, sur la langue je sais déjà des choses que personne ne devinerait. Il n'y a guère que ces révoltes que je ne m'explique pas encore.

Et j'en apprends, il me semble que je suis là pour ça. Ainsi le gouverneur de l'autre jour, avec son riz qu'il vou- lait me vendre. Je le laissais venir, je me disais : toi tu vas

dire ça ne manquait pas, ses idées me venaient à la tête

aussi vite qu'à lui. C'est ainsi depuis le départ d'Ambositra.

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