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NOTES

��ANOMALIES, par Paul Bourget (Plon-Nourrit).

M. le professeur Dupré a bien de l'esprit, du moins je le pense. Dans une note publiée à la fin du volume de M. Bourget, il fait remarquer à l'auteur que le petit tailleur, immobilisé devant la maison de Saint-Cloud, dont son ima- gination le rend propriétaire, est perdu dans une rêverie, et non frappé par « une espèce (X ictus psychique ». Je trouve à cette note une saveur extrême.

Je ne sais pas jusqu'à quel point la psychiatrie est une question de vocabulaire, ni où commence l'anomalie en matière de sentiment. J'avais sur ce sujet, quand j'en igno- rais tout, des opinions certaines ; la lecture de quelques livres très savants m'a rendu plus prudent, et je ne sais plus rien. Pour le professeur Grasset, tous les héros de romans sont des demi-fous, et tous les romanciers aussi. Cela donne d'abord à réfléchir, et puis cela rassure, car l'anomalie deve- nant la règle, il n'y a plus à s'inquiéter d'être anormal. Les gens qui font des statistiques savent que la moyenne est un chiffre qui ne répond à rien, le résultat d'une balance entre ceux qui sont au-dessus et ceux qui sont au-dessous, et que l'individu sain est un étalon — je parle très sérieusement — fictif, qu'on ne rencontre jamais, quelque chose comme ce nombre zéro, qui détermine, étant nul, le positif et le négatit.

Il m'a semblé que les anormaux de M. Bourget ne l'étaient

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