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BEAUTÉ, MON BEAU SOUCI 87

qu’elle savait tous leurs secrets. Une grande tîerté l’em- plit, tandis que Queenie marchait d’un pas ferme et balancé à son côté, portant sa canne comme un jeune page qui aurait poné 1 epée de son seigneur. Tout le monde pouvait voir que celte rayonnante créature était sa « jeune fille » à lui, loyale et fidèle.

Par Cheyne Row et Oakley Street il les conduisit à King’s Road où ils attendirent un autobus. En chemin, il leur lit regarder, par les interstices de la palissade goudronnée, le jardin de la villa désene, tout plein de gazouillement et de l’activité des oiseaux qui s’annon- çaient le crépuscule.

— J’aimei’ais y passer toute une journée toute seule, dit Ruby.

— Moi aussi, mais pas tout seul, dit Marc.

— Je suppose que je sais avec qui, répondit Ruby.

— Je me demande avec qui ? dit Queenie, en feignant une grande ingénuité.

Marc ne trouvant rien d’approprié à répondre, s’aperçut, pour sortir d’embarras, qu’il voulait fumer. Puis, quand il eut allumé sa cigarette :

— Mais, dit-il, jeunes filles, pourquoi irions-nous directement à Richmond ? Je crois que nous pouvons aller d’abord dans Knightsbridge où je connais un endroit plein de douceur : la meilleure pâtisserie du West-End. Et de là un omnibus nous conduira à Richmond. Des votes pour les femmes ! Je mets cette proposition aux voix.

Elles acceptèrent et ils partirent gaîment. A la descente sur le trottoir de Knightsbridge, Queenie rendit à Marc sa canne, sur la poignée de laquelle il sentit avec délices la chaleur de la main de son amie.