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PEINTURE COMMUNISTE?

��Pour peu qu'on ait parcouru les galeries de pourtour des escaliers latéraux, où le Salon d'Automne a coutume de reléguer les chefs-d'œuvre un peu voyants, on a pu remar- quer un grand tableau cubiste, désigné, dans le catalogue, par cette formule : Peinture pour la gare de M... Si c'est une gare d'embranchement on fera sagement de soustraire cette peinture à la vue des conducteurs de trains qui pourraient croire à une confusion de signaux. Mais il s'agit de la gare de M... Discrets et pourtant évocateurs ces points de sus- pension égarent le spectateur Imaginatif jusque dans le pays des Soviets. Les trains de propagande bolchevique sont, paraît- il, décorés de peintures du même genre. On le croit sans peine et cette forme mécanique du cubisme méritait d'être promue à la dignité d'art officiel.

L'auteur du tableau en question est un théoricien. On lui doit une espèce de guide du cubisme expliqué en vingt leçons, dans lequel il prophétise la fin de tout art indivi- dualiste et l'avènement d'un art communiste dont les réa- lisations seront le produit d'un effort anonyme et collectif.

Il ne précise pas s'il s'agit d'un effort anarchique et livré à lui-même, ou s'il sera dirigé par des coryphées. Cette der- nière éventualité est la plus probable, car elle se trouve être conform.e à la doctrine révolutionnaire actuellement à la mode, la seule, au surplus, qui ait prouvé son efficacité.

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