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7)8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

c'est sans doute moi que je trompe... La séance est finie.

Je me rhabille. T*** paternellement se penche, veut m'aider ; B*** aussitôt l'arrête ; je surprends de lui à T*** un petit geste, un clin d'œil, et suis averti qu'un regard malicieux, fixé sur moi, m'observe, veut m'ob- server encore, alors que je ne me sache plus observé, qu'il épie le mouvement de mes doigts, ce regard, tandis que je reboutonne ma veste... « Avec le petit vieux que voilà, s'il m'accompagne à Lamalou, il va falloir jouer serré, » pensai-je, et, sans en avoir l'air, je lui servis quelques grimaces de supplément, du bout des doigts trébuchant dans les boutonnières.

Quelqu'un qui ne prenait pas au sérieux ma maladie, c'était mon oncle ; et comme je ne savais pas encore qu'il ne prenait au sérieux les maladies de personne, j'étais vexé, j'étais extrêmement vexé, et résolus de vaincre cette indifférence en jouant gros. Ah ! quel sou- venir misérable ! Comme je sauterais par dessus, si j'ac- ceptais de rien omettre !... Me voici dans l'antichambre de l'appartement, rue Salle L'Evêque ; mon oncle vient de sortir de sa bibliothèque et je sais qu'il va repasser ; je me glisse sous une console, me couche à ras le sol, sur les dalles, et, quand il revient, j'attends d'abord quelques instants, si peut-être il m'apercevra de lui- même, car l'antichambre est vaste et mon oncle va lentement ; mais il tient à la main un journal qu'il lit tout en marchant ; encore un peu et il va passer outre... Je fais un mouvement; je pousse un gémissement ; alors il s'arrête, soulève son binocle et, de par dessus son journal :

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