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VIE DE GUILLAUME
APOLLINAIRE


André Gide, Jacques Rivière, qu’est-ce que ces pages sans lien, qui ne relèvent d’aucun genre, d’aucune méthode et qui ne pourront satisfaire personne, ni moi-même ? Et pourtant vous m’avez pressé de les écrire.

Il y a bien des semaines déjà que tous ceux qui devaient savoir ont su que le deuxième anniversaire de la mort de Guillaume Apollinaire serait commémoré avec une espèce d’éclat. Plusieurs, au moins qualifiés par leur fidélité à la grande mémoire, leur tendresse, leur dévotion paisible, ont reçu dans le même moment comme un ordre — parti d’où cela ? — et qui les qualifiait mieux encore. J’avais jeté des notes, puis tout déchiré, renonçant quand je savais déjà le projet d’André Rouveyre, réalisé au Mercure de France, le projet d’André Billy, que réalise Les Ecrits Nouveaux.

Je ne sais rien exactement des raisons vraies de mon renoncement quand vous êtes venus me presser d’écrire, André Gide, Jacques Rivière.

Hélas ! ce n’est pas ici l’étude attendue, nécessaire, du plus formidable et du plus complet tempérament de poète. Dans l’ordre des souvenirs, je confesse que je ne puis tout dire si je n’ai rien oublié. Alors, à quoi bon ?