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l'enseignement de CÉZANNE 6/1

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��Pour ceux des peintres qui comme moi ont tout à créer, né s'étant jusqu'ici bornés qu'à soulever de timides hypotiièses, je souiiaite que le redoutable problème posé par Cézanne apparaisse le plus possible débarrassé des brumes dont l'entourent tant de littérateurs plus sou- cieux — c'est leur droit et peut-être leur devoir — d'ali- gner des phrases ornementales que de dégager le sens de cette espèce d'ultimatum que pose aux seuls peintres ce grand génie. Il est impossible de se dérober à cette injonction imposante, impossible de ne pas collaborer à cette immense entreprise qui, d'ailleurs, n'est pas celle d'un seul homme, mais de tous ceux qui, à la suite d'In- gres et de Courbet, cherchèrent par la culture de leurs sensations des moyens nouveaux, et, souci plus impor- tant, de nouveaux motifs. L'impressionnisme, souvent si superficiellement analysé, ne doit plus, après l'usage qu'en fit Cézanne, nous apparaître comme une simple tenta- tive de nettoiement de la palette, ainsi qu'un journaliste extraordinairement ému de mes propos sur Renoir l'écrit encore. De l'avis même de Renoir ' la palette n'a jamais produit si peu de chefs-d'œuvre que depuis qu'elle tut soi-disant nettoyée. Le sens fatal et profond de l'impressionnisme dépasse les prédictions des impression- nistes du début : il implique, non un rajeunissement de k palette — ce qui ne veut rien dire — , mais un rajeu- nissement des esprits. Ne compromettons pas, par des

î. Réponse à l'enquête de la Revue du 15 septembre 191 5.

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