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l'enseignement de CÉZANNE 659

de ce ciel qui la domine. Les mouvements des ombres et des lumières terrestres cachent l'immobilité d'une loi supérieure. Il s'agitde trouver et de transcrire la minute suprême où les deux faces de la réalité se superposent et fusionnent parfaitement.

Cézanne continue donc à scruter la nature ; il met au jour les mêmes matériaux que ses prédécesseurs, mais, au lieu de se reposer après ce travail préparatoire, il soumet ces matériaux à la pression de ses commen- taires, et tire les conclusions nécessaires. Le résultat matériel de cette opération de l'esprit est celui-ci : La vaste et bouillonnante ondulation qui, dans les œuvres impressionnistes, se répète sans fin — n'ayant à céder la place à rien d'autre — s'arrête et se solidifie dans celles de Cézanne. La ligne serpentine disparaît, qui refléchis- sait l'indécision des autres peintres, pour laisser ici place à l'angle droit, S3^mbole de l'équilibre entre la matière : horizontale, et l'esprit : vertical. La géométrie, qui pré- side à toute création, apparaît, et il n'est pas jusqu'à la touche désordonnée du début qui ne prenne forme. De virgule, elle devient trait : la main même commande à la matière.

Fidèle encore à l'impulsion reçue, Cézanne ne va pas, comme Gauguin, dont l'esprit est décidément la négation du sien, larmoyer sur l'absence de murs à décorer, ou peindre des décorations sans emploi : Il hérite du goût impressionniste pour la petite dimension ; il étudie les moyens de remplacer sans appauvrissement, la quantité, legs de l'Italie, par la qualité, sens par excellence fran- çais, dont Foucquet, notre plus haute référence natio- nale, fut le parfait ouvrier. Il réapprend, pour notre salut.

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