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l'enseignement de CÉZANNE 65 I

classique : Puvis-Delacroix-Rubens-Le Vinci-Tintoret- Michel Ange. Le peintre ne regardera plus de trop près cette partie du spectacle du Monde au décalque de laquelle s'acharnent la majorité des artistes actuels ; il réapprendra les règles classiques : l'anatomie, la perspec- tive, la composition ; il adoptera en d'autres termes les lois de la convention picturale qui a produit les plus belles œuvres et y soumettra à nouveau la Nature. Il n'y a dans cet exposé, pour qui juge superficiellement, rien qui puisse choquer tout artiste sincèrement épris de rénovation artistique et cependant il n'est pas une partie de cette exhortation qui ne puisse à mon avis mieux égarer ceux-là mêmes qu'elle se propose de diriger.

Quand M. E. Bernard nous indique les Musées comme référence, il a infiniment raison, et il ne fait là qu'adop- ter la seconde partie de la formule cézannienne : « J'ai voulu faire de l'impressionnisme quelque chose de solide et de durable comme l'art des Musées». Mais quand il nous désigne les œuvres et les procédés de la Renais- sance comme bons à recommencer, il se trompe. Les moyens dont usèrent les peintres de cette époque ne sont eux-mêmes autre chose que des résultats dont la source est dans une certaine activité de la sensibilité. Nous en réserver l'emploi revient à nous convier à cons- truire avec du déjà construit. On n'édifie pas une maison avec une autre maison, encore moins avec des ruines, si augustes soient-elles : on cherche une carrière d'où extraire une pierre humide et vivante. Si le gisement ancien est épuisé, on en découvre un nouveau. Cézanne est le découvreur hardi d'une veine inexplorée dans le

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