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^44 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

On reste confondu de la manière dont s'y prennent les littérateurs italiens d'aujourd'hui pour atteindre l'originalité. Quand on songe qu'un poète un peu doué qui s'aban- donnerait à rimer des vers fluents et sincères comme les Nuits de Musset ou les Harmonica lamartiniennes serait un grand novateur, qu'un poète mélodieux et subtil comme Verlaine ou seulement Samain en serait un autre, quand on voit le succès obtenu par Guido Gozzano pour quatre vers d'une émotion un peu « directe » qu'il avait écrits, on se demande ce que les écrivains italiens ont à gagner à faire du futurisme, du cubisme ou du dadaïsme.

Comment ne se rendent-ils pas compte qu'ils ont tout un romantisme en retard à rattraper ? Qii'attcndcnt-ils pour s'élancer dans les effusions sentimentales et les récits auto- biographiques ? Simplicité du fond, simplicité de la forme, sincérité humaine, tout unie et quotidienne, ou lyrique, ou gonflée d'humour, telle est pour eux la sagesse littéraire. Heureuses les périodes littéraires pour qui la sagesse est d'être simple. On ne peut jauger d'avance ce que le développement actuel d'un romantisme italien, sans mal du siècle, et après W'hitman, pourrait apporter de neuf et de beau à l'Europe. Souhaitons-en l'avènement, sans toutefois nous montrer sur- pris, si un homme de génie — celui que le xx^ siècle doit à l'Italie — rompt tout à coup le silence d'aujourd'hui par une ■œuvre fertilisante et imprévisible.

BEKJAMIK CRÉMIEUX

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