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LES PIN'CEXGRAIN 569

Madame Godichon. Madame Pincengrain attaque : elle dit, pour flatter Godichon, que « cette femme, sa mère », ne parle pas leur langue, qu'elle ne sait pas le sens du mot « désintéressement », qu'il faut l'excuser, que lui-même l'a si bien appris. Mais Godichon a décidé de livrer le premier sa mère au sarcasme. Mes- dames Pincengrain lui savent gré de cette générosité envers elles, du sacrifice qu'il leur fait de sa propre mère. Dans le mouvement de sa passion elles se sont levées pour l'entendre. Emu par la douceur amère de cette intimité de femmes, voilà qu'il leur conte deux ou trois anecdotes qu'il regrettera d'avoir dites, qui déshonorent son' frère, atteignent sa mère dans l'honneur, feront la consolation de ces dames Pincengrain, dès que Godichon lie sera pas là, ou ne leur sera plus préférable. Elles pourront parler alors d'autre chose de plus profond que de la malpropreté du corps de Madame Godichon, qui est un sujet qu'elles ont épuisé. Elles ne voient pas encore que Godichon est malpropre comme sa mère. Elles s'apercevront bientôt que ces deux ou trois contes sont préjudiciables à son âme.

XI

Godichon ni Prisca n'iront pas aux noces de leur frère. Eliane seule, qui est innocente de tout, y repré- sentera les Pincengrain.

Madame Godichon avait parlé d'un cavalier qu'elle lui donnerait, Godeau, le modèle des parfaits et de belle condition. Elle disait chez les Pincengrain que Godeau était fait pour Eliane, chez les Godeau qu'Eliane était

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