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500 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE


Il se trouve ici d’accord avec Taine, mais pour des motifs d’un ordre tout différent.

Le deuxième volume de la correspondance de Taine renferme en effet toute une série de notes sur l’importance desquelles Paul Bourget a rappelé l’attention au moment de la publication d’Etienue Mayran : les notes personnelles de février et d’octobre 1862, un des plus beaux efforts d’auto-critique qui existent, et les notes sur Paris qui s’échelonnent entre 1861 et 1863, et dans lesquelles sont transcrits et commentés certains entretiens de Taine avec les écrivains et les artistes célèbres de son époque. Du récit de ses deux premières rencontres avec Flaubert en 1S62, après la publication de Salammbô, je détache les phrases suivantes :

« Ma thèse avec lui est de lui dire (avec des ménagements) que son style s’écaillera, que la description sera inintelligible dans cent ans, qu’elle l’est déjà pour les trois quarts des esprits, que la narration et l’action comme dans Gil Blas et Fielding sont les seuls procédés durables.

» Il répond qu’aujourd’hui il n’y a pas moyen de faire autrement, que d’ailleurs il n’y a pas d’art sans pittoresque, que l’idée doit atteindre les dehors, se manifester par une forme corporelle et visible.

» Toujours est-il que c’est de la littérature dégénérée, tirée hors de son domaine, traînée de force dans celui de la science et des arts du dessin… »

« Ma thèse est toujours que son état d’esprit, la vision du détail physique, n’est point transmissible par l’écriture, mais seulement par la peinture. Sa réponse est que c’est là son état d’esprit, et l’état d’esprit moderne… »