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468 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

fauteuils de balcon des groupes hostiles qui parlaient à haute voix et "s'exclamaient sans cesse, excellente manière d'écouter la musique. Le dernier tableau, par la faute du décorateur, dont ce fut la seule erreur, offrit à la cabale une excellente occasion de se déchaîner.

On sait en quoi consistent les Sept Chansons. Ce sont des poèmes des xv^ et xvi« siècles que Malipiero a mis en mu- sique. Pour chacun de ces morceaux, il a imaginé une brève action dramatique jouée par un chanteur assisté de panto- mimes. Le dernier tableau illustrait le fameux chant carnavalesque de Laurent le Magnifique pour le Char de la

Mort :

Dolor, Pianto, Pcnitenza

Ci tormentan tutta via.

Questa morta compagnia

Va gridando : Pcnitenza !

Malipiero avait inventé le scénario suivant : Le Matin des Cendres. Au petit jour des bandes de masques courent encore les rues tandis que les fidèles appelés par les cloches se rendent à l'éolise. Survient une confrérie de Pénitents escortant le Char de la Mort qui va figurer dans la procession. Elle se heurte à une troupe de pierrots ivres qui hurlent et dansent. Les pénitents font remuer le manne- quin représentant la Mort et les pierrots s'enfuient. La con- frérie entonne son chant, reprend sa marche et sort en criant : Pénitence ! Pénitence !

Or il arriva que le char de la Mort au lieu d'être une simple plateforme roulante supportant la figure de la Camarde, présenta assez vaguement la forme d'un cercueil. On crut que c'était un enterrement autour duquel venaient danser des Pierrots et l'on trouva l'invention de très mauvais goût. Pourtant il y avait des programmes qui eussent dû permettre aux spectateurs et à plus forte raison aux critiques de fiiire le départ entre l'erreur du metteur en scène et celle

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