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NOTES 463

d'eux (à commencer par l'auteur de V Année Terrible) qu'elle n'ait sensiblement abaissé au-dessous de lui-même. Les poètes n'en ont d'ailleurs, si on veut, que plus de mérite à entrer dans ce service commandé et à faire ce sacrifice. Ceci pour expliquer que ces poèmes de M. d'Arbaud ne nous rendent pas tout à fait en entier le souffle et le charme du Lausié d'Arle. Heureusement une des précieuses qualités de l'auteur y reste intacte. Toujours la même technique irré- prochable du beau vers bien frappé et surtout l'éclat magni- fique des vrais mots provençaux pris au cœur même de la langue d'oc. Nul poète provençal n'a suivi mieux que M. d'Arbaud le conseil donné par Mistral dans le sonnet liminaire du Trésor du Felibrige, de puiser dans ce trésor. Mais pour suivre ce conseil il faut précisément n'en avoir pas besoin, n'avoir pas besoin du Trésor, porter ce Trésor en soi, dans le langage héréditaire assimilé en poésie. C'était d'ailleurs le cas de Mistral dont le vrai et propre trésor, même lexicographique, est dans sa poésie, non dans les deux volumes du dictionnaire en grande partie reproduit d'Honnorat, (dont le nom au moins aurait pu y être honnê- tement rappelé. Depuis le Curé de Cucugnan jusqu'au Trésor, les félibres ont parfois envisagé la propriété littéraire avec une imagination à la Bilboquet multipliée par le soleil du Midi. Cette malle doit être à nous... Et heureusement ils en ont fait un usage tel qu'elle est bien aujourd'hui, authcnti- quement, à eux.)

On est sensible à ces qualités de M. d'Arbaud en un temps où beaucoup de poètes provençaux sont invincible- ment conduits à écrire, comme le curé Sistre, du français provençalisé et à négliger faute d'usage le trésor particulier de leur langue. J'hésiterais peut-être davantage devant les mètres employés par M. d'Arbaud. Ils sont peu variés : le quatrain d'octosyllabes et le quatrain d'alexandrins, qu'il emploie de préférence, me paraissent bien liés à notre

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