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458 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de Gaspard qu'importe s'il faut étendre longtemps la main pour sentir tomber une de ces pluies très fines qui vont donner naissance à une fontaine enchantée ?

AKDRÉ BRETON

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��INTRODUCTION A QUELQUES ŒUVRES, par

Paul Claudel (Les Cahiers des Amis des Livres).

Certains mots sous la plume de M. Paul Claudel sont pareils à ces herbes des champs que l'on sent sous les doigts, à mesure qu'on les presse, rendre deux, trois odeurs diffé- rentes mais germaines l'une de l'autre :

Celui-là qui, comme un parfait musicien, garde le sentiment toujours présent de ce concert aux innombrables instruments où il a sans cesse parmi des surprises toujours renouvelées, à suivre ou à inventer sa partie, est ce qu'on appelle un homme juste, ce qui est infiniment plus qu'uu surhomme. Il est juste, comme tout le cœur éprouve qu'une note, qu'une phrase musicale est juste, qu'elle advient saintement à cette place où on l'attendait. Il l'est parce qu'il a entendu ce conseil des Ecritures : A^^ impedias musi- cam ! N'empêchez pas la musique !

On a dit que ce qui distingue un raisonnement d'un jeu de mots, c'est que celui-ci ne saurait être traduit. Peut- être serait-il malaisé de traduire le passage ci-dessus. Et cependant ici, sous les mots, l'esprit trouve le suc de la pensée. Hugo en ses semi-calembours a de ces sortes d'entre- visions. Il exécute des tours prestigieux qui finissent par lui troubler la vue :

Car le mot c'est le verbe, et le Verhe c'est Dieu...

Cela s'appelle au vrai tirer des lapins d'un chapeau. Beau travail qui fait l'admiration des amateurs, mais qu'il est difiicile de prendre au sérieux tout à fait. Quand M. Paul Claudel explique ce que c'est qu'un « homme juste », ou.

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