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NOTES 453

à moitié contemporaines, encore mal entrées dans l'histoire, doivent pour être bien comprises être vécues et présentées de l'intérieur.

L'auteur s'est attaché ici à la crise sociale qui gravite autour des journées de février. Il eût sans doute complété son œuvre par une étude de la crise politique. Mais il donne une idée fort nette et fort juste des rapports entre le social et le politique, des malentendus et du divorce habituel entre ceux qui parlent l'une de ces deux langues et ceux qui parlent l'autre. C'est depuis 1848 que la connaissance des deux lan- gues, de leurs analogies et de leurs différences, la faculté de traduire rapidement l'une dans l'autre, de voir les intérêts économiques sous les doctrines politiques, sont deve- nues une des qualités indispensables (et fort rares) de l'homme d'Etat.

Pierre Quentin-Bauchart avait commencé une carrière politique qui promettait d'être brillante. Il avait choisi heu- reusement, avec la République de 1^848, l'époque dont les enthousiasmes et les déceptions sont pour l'homme d'Etat les plus instructives. Une des raisons de solidité de la troi- sième République est qu'elle a tenu compte des expériences et des échecs de la République qui l'avait précédée. Les deux discours de Lamartine et de Jules Grévy à l'Assemblée Cons- tituante sur le mode d'élection du président ont pu mériter de devenir classiques, en opposant de façon saisissante la grandiloquence romantique du poète et le bon sens pratique du paysan français devenu légiste. Et cette époque nous a donné, peut nous donner encore bien d'autres leçons. Aussi est-il à souhaiter que l'œuvre d'histoire qu'a voulu réaliser l'auteur de ce livre soit reprise par d'autres.

ALBERT THIBAUDET

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