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432 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

duisent à connaître un genre commun, à réaliser une Idée. Ils ne s'étendent pas au style, puisque chaque auteur aborde ce genre de récit avec son style propre, et même avec ce qu'il y a de meilleur et de plus original dans ce style propre : il est presque sans exemple que les mémoires d'un auteur ne soient pas la partie la mieux écrite de son œuvre, de son oeuvre en prose s'il s'agit d'un poète. On citerait aussi bien ici Rousseau que Marmontel, Chateaubriand que George Sand, les Confidences de Lamartine que les Choses Vues de Victor Hugo. Pour parler des livres d'aujourd'hui, la différence entre le style pittoresque et savoureux de M. Léon Daudet dans ses mémoires et le style plus terne de ses romans est frappante. Le genre des mémoires dégage donc chez un auteur l'originalité de style, probablement parce que, le style étant l'homme et la vie de l'homme, l'œuvre la plus consubstantielle à l'homme et à sa vie four- nira au style son élément le plus naturel et son aliment le plus riche. (Donnons d'ailleurs du jeu à cette idée et met- tons-la au point en nous rappelant l'exemple apparemment contraire de Flaubert.) Des mémoires nous laisseront donc facilement, par leur forme comme par leur fond, une impression d'humanité originale. Cela n'empêche pas que les mémoires des gens de lettres, en se pressant les uns contre les autres et en se laissant comparer les uns aux autres, ne tendent à esquisser des traits généraux et à des- siner le visage d'un portrait composite.

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��L'image générique qui se dégage à première vue des quatre volumes que j'ai ici sous les yeux serait peut-être celle d'une danse du scalp. Tristan Bernard et Pierre Veber rédigèrent autrefois un petit journal qui se publiait comme supplément à la Revue Blanche et qui s'appelait

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