Page:NRF 15.djvu/422

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
416
la nouvelle revue française

en toute confiance à mon maître, dont la magnanimité se répand sur ceux qui l’implorent. Laissez-moi lui faire part de votre gracieuse soumission, et vous trouverez en lui le vainqueur le plus dispos à l’indulgence envers celui qu’il voit devant lui s’agenouiller.

Cléopatre. — Dis-lui, je te prie, que je suis la vassale de sa fortune et que je remets entre ses mains l’autorité qu’il a conquise. Je fais des progrès d’heure en heure dans l’art d’obéir et serais charmée de le voir.

Proculéius. — Tout cela lui sera redit, Madame. Reprenez cœur, car je sais que votre douleur a ému celui qui l’a causée.

Gallus. — Voyez combien il est aisé de la surprendre.

(À ce moment Proculéius et deux soldats escaladent le monument au moyen d’une échelle et font Cléopâtre prisonnière tandis que d’autres soldats ouvrent la porte condamnée.)

Gallus (à Proculéius). — Surveillez-la jusqu’à l’arrivée de César.

(Il sort.)

Iras. — Maîtresse !

Charmion. — Princesse Cléopatre, vous voilà prise.

Cléopatre. — A l’aide, fidèle acier.

Proculéius. — Rentrez cela. Madame, rentrez ! (Il la désarme) Renoncez à un tel attentat ; je suis ici pour vous secourir et non pour vous perdre.

Cléopatre. — Quoi, la mort aussi m’est défendue, qu’on accorde même aux chiens malades.

Proculéius. — Cléopâtre, n’éludez pas la clémence de mon maître en attentant contre vous-même. N’enlevez pas au monde l’occasion d’admirer un geste