en toute confiance à mon maître, dont la magnanimité se répand sur ceux qui l’implorent. Laissez-moi lui faire part de votre gracieuse soumission, et vous trouverez en lui le vainqueur le plus dispos à l’indulgence envers celui qu’il voit devant lui s’agenouiller.
Cléopatre. — Dis-lui, je te prie, que je suis la vassale de sa fortune et que je remets entre ses mains l’autorité qu’il a conquise. Je fais des progrès d’heure en heure dans l’art d’obéir et serais charmée de le voir.
Proculéius. — Tout cela lui sera redit, Madame. Reprenez cœur, car je sais que votre douleur a ému celui qui l’a causée.
Gallus. — Voyez combien il est aisé de la surprendre.
- (À ce moment Proculéius et deux soldats escaladent le monument au moyen d’une échelle et font Cléopâtre prisonnière tandis que d’autres soldats ouvrent la porte condamnée.)
Gallus (à Proculéius). — Surveillez-la jusqu’à l’arrivée de César.
Iras. — Maîtresse !
Charmion. — Princesse Cléopatre, vous voilà prise.
Cléopatre. — A l’aide, fidèle acier.
Proculéius. — Rentrez cela. Madame, rentrez ! (Il la désarme) Renoncez à un tel attentat ; je suis ici pour vous secourir et non pour vous perdre.
Cléopatre. — Quoi, la mort aussi m’est défendue, qu’on accorde même aux chiens malades.
Proculéius. — Cléopâtre, n’éludez pas la clémence de mon maître en attentant contre vous-même. N’enlevez pas au monde l’occasion d’admirer un geste