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372 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

est un couturier ; ce cavalier un peu trop brun appar- tient à la suite de l'Empereur du Brésil ; ce joli cœur, ce cocodès... mais place aux dames ! Voilà les parta- geuses, qui se mettent de la partie. On ne les distingue pas au visage: elles sont uniformément coiffées en bandeaux comme la divine Eugénie. On les classe d'après leurs robes dont les noms sont au goût du jour : Lady Rowena, Stéphanie, Rendez-vous bourgeois, Des- démone, L'Absence, Camille, Les Repentirs, Sans-Souci, Pensez-y toujours. Le Torrent. Qu'arrive-t-il donc ? Toutes les femmes se précipitent vers un nouvel arri- vant. Qui me dira son nom ? La rumeur le murmure : Palikao, Palikao, c'est le futur ministre de la guerre, le plus charmant homme de l'Etat. Il semble qu'on n'attendait que lui pour tirer les ficelles. Voici toute la foule qui se met à danser. Les couples se font vis-à-vis, sautent, saluent, chahutent. On saisit subitement pour- quoi le bas des pantalons épouse les mollets des hommes à voir ceux-ci passer le pied par-dessus la tête de leur danseuse. Quelle musique joue-t-on là, elle a le diable au corps. Les entrechats s'accélèrent. Le bal devient général. 11 n'y a que moi qui fais cavalier seul. Bousculé par tout le monde, je ne sais plus où me garer ; cet air de bastringue me trotte par la tête, il faut bien que je danse aussi. Vite, une femme. Toutes sont prises, je reste désemparé. Justement de la Parfumerie sort celle que j'attendais : elle a seize ans et un costume à la Moresque. Tout de suite, je l'engage pour la mazourke à cause de son ingénuité. Mais nous dansons le cancan. Quelle fougue elle y apporte. Je ne m'imagi- nais pas qu'on pût lever si haut la jambe. La Parfu-

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