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TOUTES CHOSES ÉGALES BAILLEURS... . 367

défini bien pompeux pour le goût actuel, embarrassant dans l'expression des sentiments familiers et trop sou- vent escorté dans les propositions relatives du disgra- cieux imparfait du subjonctif. Excusez de si longs prolégomènes de n'introduire que le bref : Conte de la Parfumeuse et des Bonnes Mœurs.

Souffrez qu'il débute, puisque j'emprunte au théâtre la règle à laquelle je le ploie, comme ferait un texte dramatique, par la description du décor unique dans lequel il va se dérouler. Le lieu impersonnel, neutre, où tout peut advenir, où à toute heure du jour les divers acteurs ont accès, où d'anciens amis pourront se retrouver, des amoureux se réunir, la cour et la ville défiler, n^est, je vous en fais grâce, ni le vestibule à colonnes de la tragédie, ni la place publique de la comé- die, mais participe de ces deux cadres comme l'action suivante fait de ces deux genres. Elle se déroule à Paris de nos jours, dans un des passages vivants qui mènent des plaisirs aux affaires, des boulevards aux quartiers commerciaux. C'est la route que prend quotidienne- ment Anicet, fils de famille, pour se rendre de la maison paternelle aux domaines plaisants de la galanterie, et celui que Monsieur son père, agent de change, suit également quand il va de son bureau à la Bourse, la tête bourrée de chiffres et sans prendre garde aux tentations du che- min. Mille appâts pour la curiosité d'un garçon de vingt ans arrêtent aux devantures les regards d'Anicet junior. 11 y a l'étalage d'un marchand de papiers peints, celui d'un épicier qui vend des produits exotiques, man- darines du Cambodge, noix de galles, jujubes, au milieu desquels trône un œuf de verre rempli de graines de

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