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310 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

et élevés par les forces de conservation sociale, par le Temps et la Revue des Deux Mondes, au moment où l'élite protestante prenait dans le monde de la bourgeoisie française figure de Mentor et d'éducatrice.

Peut-être cette classification, dont je ne me dissimule pas le caractère fragile, nous aiderait-elle, au seuil de cette Col- lection Helvétique, à éclairer ce problème souvent discuté : s'il y a une littérature suisse romande ou si les écrivains romands sont simplement des écrivains français vivant dans un pays indépendant politiquement de la France, mais fran- çais de langue et de lettres aussi bien que la Lorraine ou la Comté. En réalité il y a bien une littérature helvétique de langue française, avec une délimitation et une originalité qui ne peuvent se comparer à celles d'aucune province de l'unité française. Cette originalité consiste dans l'existence et les rapports de ces trois littératures, l'une à tendance locale, la seconde à tendance européenne, la troisième à tendance française. La première est maintenue dans une situation excentrique à l'égard de la France, qui l'ignore à peu près ; la seconde traverse la littérature française pour se jeter dans la littérature européenne tout en gardant la couleur propre de ses eaux ; la troisième, au contraire de la première, s'in- corpore à la littérature française et lui rapporte — modes- tement jusqu'ici — certains éléments protestants. Aucun écrivain n'appartient d'ailleurs uniquement à l'une des trois, qui sont de simples limites théoriques, ou plutôt des signes de mouvement, des flèches qui désignent des directions.

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��J'arrive un peu tard à VAdolphe de Benjamin Constant, dont la belle réédition, précédée du Cahier Rouge et d'une préface de M. Robert de Traz, est en somme l'occasion de ces propos. Et récemment l'auteur de la Jeunesse de Benjamin

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