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BEAUTÉ, MON BEAU SOUCI.... ^ 299

le giclement de récume au rire. Et les nuits, les nuits de Londres, quand tout flambait comme du punch sous le ciel de braise.. Et ces rag-times, — les premiers : ceux qui sont venus après n'avaient pas leur gaîtésans frein, ni cette sauvage exhortation au plaisir. Le joli temps de la Joyeuse Angleterre semblait revenu ; et c'était la belle fin d'une belle époque.

— Je ne sais plus, dit Reginald Harding à sa femme, je ne sais plus qui a écrit quelque chose comme ceci: « Il n'y a que Londres et Paris ; tout le reste' est du paysage. » Il y a du vrai là-dedans, mais pour jouir pleinement de ces deux villes, il faut apprendre à les voir elles ^ussi comme du paysage; et pour cela, il n'y a rien de tel que l'absence de toute ambition et l'oisiveté absolue. Il faut n'être rien et ne rien faire. C'est la ligne de conduite que je me suis tracée quand j'avais vingt-cinq ans, et je n'en ai pas changé, et je m'en trouve bien.... N'être rien, » ajouta-t-il un peu plus bas, « que l'amant de ma femme, et ne rien foire sinon aimer ma femme.... Après que nous aurons passé l'été en contact avec l'Océan, nous partirons pour Paris, ma chère. Je vous montrerai le sage et sérieux Paris, et ces coins où j'ai vécu au temps de ma studieuse bohème : le quartier Montparnasse, la rue de k Gaîté, le Luxembourg, l'avenue de l'Observa- toire. Nous passerons deux ans à Paris ; ensuite, ce sera Rome et Naples ; et puis nous reviendrons ici pour quelque temps, pour quelque rag-time, et quand nous nous en serons las, nous partirons pour les Mers du Sud.

— Oh, comme tout cela est loin de Harlesden ! Oh, Reggie, je suis si heureuse, je ne peux pas dire combien je suis heureuse.

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