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290 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

tour et les pinacles d'une église. Il n'y avait rien de changé. Elle non plus, croyait-elle, n'avait pas changé; et elle sentait toujours en elle son âme d'enfant, libre, rêveuse, brutale et fermée.

— C'est votre oncle qui vous a fait cette surprise, Queenie.

— Oh c'est lui ? dit-eile.

— Qui d'autre pourrait-ce être ? dit M""' Longhurst en souriant. Eh bien, vous revenez vivre avec nous ?

Pour toute réponse, elle alla embrasser sa tante ; puis les deux femmes redescendirent.

Ce ne fut qu'au bout d'une heure que M""= Longhurst dit, comme s'il se fût agi d'un détail sans importance, que M. Harding n'avait pas pu venir et s'était excusé.

Dès le lundi soir elle quitta Harlesden et revint vivre chez les Lonçhurst.

Toute la semaine passa sans que le nom de M. Harding fût prononcé une seule fois. Queenie fut souvent sur le point d'interroger sa tante, mais son amour-propre l'en empêcha. M. Harding ne reviendrait- il plus ?«Cet homme qui, dès leur seconde conversation, l'avait demandée en mariage, était-il bizarre et capri- cieux au point de s'être détaché d'elle aussi soudaine- ment qu'il avait semblé s'être épris ? Oh que n'aurait- elle pas donné pour savoir ce que sa tante avait dit à M. Harding après la visite qu'elle lui avait faite à Har- lesden ! Mais avait-elle même revu M. Harding ?

Vers la fin de la semaine Queenie était véritablement inquiète, ou du moins sa curiosité était excitée au plus haut point ; et la seule chose qui la satisfit un peu fut

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