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212 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Pensée ait petit bonheur, vieille /leur de deuil, sans odeur, je te tiens dans mes deux nmijis. Ma tête a la jornie d'une pensée ' .

C'est à tort qu'on assimile Dada à un subjectivisme. Aucun de ceux qui acceptent aujourd'hui cette étiquette n'a l'hermétisme pour but. « Il n'y a rien d'incompré- hensible », a dit Lautréamont. Si je me range à l'opinion de Paul Valéry : « L'esprit humain me semble ainsi fait qu'il ne peut être incohérent pour lui-même », j'estime par ailleurs qu'il ne peut être incohérent pour les autres. Je ne crois pas pour cela à la rencontre extraordinaire de deux individus, ni d'un individu avec celui qu'il a cessé d'être, mais seulement à une série de malentendus acceptables, en dehors d'un petit nombre de lieux; communs.

On a parlé d'une exploration systématique de l'in- conscient. Ce n'est pas d'aujourd'hui que des poètes s'abandonnent pour écrire à la pente de leur esprit. Le mot inspiration, tombé je ne sais pourquoi en désué- tude, était pris naguère en bonne part. Presque toutes les trouvailles d'images, par exemple, me font l'effet de créations spontanées. Guillaume Apollinaire pensait avec raison que des clichés comme « lèvres de corail » dont la fortune peut passer pour un critérium de valeur, étaient le produit de cette activité qu'il qualifiait de surréaliste. Les mots eux-mêmes n'ont sans doute pas d'autre origine. Il allait jusqu'à faire de ce principe qu'il ne faut jamais partir d'une invention antérieure, la con- dition du perfectionnement scientifique et, pour ainsi

I. Paul Eluard.

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