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POUR DADA

��Il m'est impossible de concevoir une joie de l'esprit autrement que comme un appel d'air. Comment pour- rait-il se trouver à l'aise dans les limites où l'enferment presque tous les livres, presque tous les événements ? Je doute qu'un seul homme n'ait eu, au moins une fois dans sa vie, la tentation de nier le monde extérieur. Il s'aperçoit alors que rien n'est si grave, si définitif. Il procède à une révision des valeurs morales qui ne l'em- pêche pas de revenir ensuite à la loi commune. Ceux qui ont payé d'un trouble permanent cette merveilleuse minute de lucidité continuent à s'appeler des poètes : Rimbaud, Lautréamont, mais à vrai dire l'enfiintillage littéraire a pris fin avec eux.

Quand fera-t-on à l'arbitraire la place qui lui revient dans la formation des œuvres ou des idées ? Ce qui nous touche est généralement moins voulu qu'on ne croit. Une formule heureuse, une découverte sensationnelle s'annoncent de façon misérable. Presque rien n'atteint son but, si par exception quelque chose le dépasse. Et l'histoire de ces tâtonnements, la littérature psycholo- gique, h'est nullement instructive. En dépit de ses pré-

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