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146 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

!e bruit neufs ») ; de Jules Laforgue, de Whitmaii ? Cela me semble inutile : et plutôt que de me demander d'où vient cette poésie, j'aime mieux la considérer en elle-même, la goûter en elle-même, attentivement, scrupuleusement, comme j'ai scrupuleusement reproduit sa ponctuation. Il me semble y découvrir, surtout, une qualité qui ne lui vient que de son auteur: une saveur américaine, et plus spécia-

��lement argentine.

��« La plaiae est perdue daas sa propre immensité »

(Solo, poème daté de 19 14) voilà un de ces vers qui n'ont pas de sources définies, et qui sont d'un grand poète, d'un poète qui a rejoint Gongora, mais sans y songer et par la seule vertu de son inspiration la plus intime. Qui sait si ce poète subtil, délicat, ultra-décadent, élevé à l'école de Rimbaud, et sorti de cette nouvelle Alexandrie que fut le Paris de 1870-1900, ne sera pas un jour considéré comme un des grands poètes nationaux de la grande république hispano-américaine ? Je voudrais traduire El NiJo, .un poème daté de Paris, mais qui est une vision d'un pic de la Cordillère et qui nous peint, ou plutôt nous fait sentir, la descente planante d'un condor (l'oiseau symbolique de l'Amérique du Sud) qui tombe << como un pedazo de infinito » (« comme un morceau <l'infini ») sur le sommet de ce pic. Mais j'ai peur de gâter ce beau poème, et je pré- fère renvoyer le lecteur au livre de Ricardo Gùiraldes, un des plus beaux livres qui nous soient venus, jusqu'à présent, de Buenos-Avres.

  • *

Gabriel Miré est, avec Ramon Gomez de la Serna et

Juan Ramôn Jiménez, le plus remarquable des poètes espa-

' gnols contemporains. Ses poèmes ont la forme de romans

et sont écrits en prose. Mais on voit dès l'abord que c'est à

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