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NOTES 139

qu'aucun voyageur n'a possédé son art, mais peut-être plus encore parce que peu d'hommes ont eu, au même degré que lui, ce don de sympathie qui permet de recueillir en tout être humain quelque chose de précieux et d'unique. Pour lui, les iles du Pacifique, ce ne sont pas seulement des paysages et des parfums, c'est encore davantage l'âme obscure et char- mante des indigènes dont il a su gagner l'atfection. Dans Island Xights Entcriainrnents, la fantaisie, la vérité, l'observa- tion attendrie, l'humour se mêlent selon le plus subtil dosage, et c'est cette œuvre sensible et racée que M. Causse- Mâël a brutalisée avec un sans-gêne incroyable.

N'allons pas plus loin que les premières lignes. L'agent d'une société commerciale raconte son arrivée à Falesa. Voici, l'une en regard de l'autre, d'abord la traduction, d'une littéralité parfaite, donnée par M. Jacques Delebecque, puis- celle de M. Causse-Maël.

��La brise de terre, qui nous soufflait à la figure, nous appor- tait un violent parfum de citron sauvage et de vanille (d'autres odeurs aussi, mais celles - là étaient les plus neues), et la fraîcheur me fit éternuer. Il faut dire que j'avais vécu des années dans une île basse près de la Ligne, presque toujours seul au milieu des indigènes. Je fai- sais donc une expérience nou- velle ; la langue même du pays allait m' être étrangère, et la vue de ces bois et de ces montagnes, et leur parfum nouveau, me renouvelaient le sang.

��La brise de terre nous soufflait à la face des effluves de limon sauvage, de vanille et de stéplxi- nottc. La fraîcheur de l'air me frappa quand je déboucliai sur le pont et je me pris à éternuer. Il faut vous dire que je venais de passer des années sur une île basse et marécageuse près de l'Equateur, seul au milieu des indigènes hostiles et que j'appré- ciais le changement. La vie nou- velle que j'allais mener nie sédui- sait par dvatice. On ni avait vanté la douceur de Li population, les agrèvients réels du poste, et ma foi, la vue de ces montagnes boisées, les parfums qui s'en dégageaient me causaient une vague griserie.

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