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Il8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Point de faucheurs aux champs où sur pied pourrit la moisson Du deuil est dans la rue, en chaque femme que je croise ; Les fourgons de blessés qu'un drapeau rouge et bleu pavoise. Font passer la bataille à la porte de ma maison.

Un sonnet intitulé Colombes el avions où se révèle un tour d'imagination ingénieux et rare s'achève sur un vers de toute beauté :

Il nous faut oublier les doux termes que nous savions

Car les colombes, aujourd'hui, se nomment avions...

Eh bien créons des mois nouveaux au sens prodigieux

Pour expritner la surhumaine ampleur de nos colères

Et les immenses deuils, qui, tous les Jours, tombent des deux.

Il est piquant de trouver chez un écrivain d'une autre génération cette hantise d'un moyen nouveau d'expression, qui soit à la taille des événements.

Précis et fin lorsqu'il évoque un paysage de banlieue ou un aspect du Paris de la guerre, le poète s'élève sans effort au ton qui convient pour parler des spectacles célestes, de l'azur périlleux et des tragédies aériennes. Qu'on lise le merveilleux sonnet Ciel étoile :

Féroces comme les humains, h's étoiles, là-haut Exercent dans le ciel leurs perversités naturelles.

Sans cesse enflamme et mouvement pour s'assaillir entre elles La clarté des beaux soirs jaillit du choc de leurs querelles.

Par une coquetterie d'humaniste, le romancier naturaliste a joint à ses vers français deux sonnets en hexamètres latins. L'un d'eux De Guynemcr in astrum muialo, offre un mouve- ment digne de Lucrèce :

... Impavidum letho rapuit spatiosior octher ...

mais puisqu'il faut choisir on nous saura gré de transcrire en entier ce four des morts :

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