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^8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Non, il exagérait. La vérité, c'était que, si ce n'avait pas été une de ces conquêtes qui flattent l'amour-propre d'un jeune homme, c'avait été du moins une acquisition utile. Grâce à M""^ Crosland, Marc avait eu un intérieur bien tenu et une compagne agréable, décente et bien élevée, et il n'avait pas été à la merci d'une servante qui n'aurait songé qu'à le tromper et à profiter de son inat- tention aux choses du ménage. En somme, cela avait été fort bien, — pour le temps que cela avait duré.

D'ailleurs, la nostalgie « continentale » de Marc se fortifiait de certains projets amoureux auxquels il songeait de plus en plus à mesure que son départ appro- chait.

Il retrouverait, là-bas, cette dame, — une amie de sa mère, mais encore aimable, — qui avait paru s'intéresser à lui. Une fois, en particulier, comme leur conversation était venue au poème de Dante, elle avait dit, avec un regard assez tendre à son adresse, qu'elle comprenait bien que Dieu châtiât l'homicide, l'avarice, le vol, mais pourquoi l'amour ? « Mais l'amour, mon Dieu, l'amour n'est pas un péché ! » Marc n'avait pu s'empêcher de sourire, et il avait surnommé cette dame, pour lui-même ; « L'amore-non-è-peccato », mais il avait été troublé.

Celle-là, ce serait une conquête flatteuse, car elle appartenait à la « société », et n'avait pas la réputation d'être galante ; et puis, comme ils seraient gênés pour se rencontrer et même pour se voir, ils se lasseraient moins vite l'un de l'autre. Mais il y avait aussi cette fille du peuple, si belle, une Toscane d'un type très pur, qu'il avait un jour suivie jusque chez elle et à qui il avait même eu l'occasion de demander un baiser, — qu'elle

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