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912 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

« bleu. La deuxième, sous ses repentirs en deuil, fouettait sa « monture, et l'arc parfait de son visage lançait en même « tempsla volupté, l'amertume et le remords. Enfin, Pomme « d'Anis, le cœur lourd d'amour comme une rose pleine « d'eau, laissait aller au pas le grisou et la grâce d'un « de ses genoux remonté cachait avec pudeur la gène de « l'autre... »

Au milieu du sentier, Patte-Usée, le lièvre, hume l'odeur du thym que cuit le soleil dans le potager où s'aiment le fiancé et la fiancée d'un jour. Non loin, un pauvre à barbe grise mange, assis sous un ombrage, tandis que des jeunes filles, formant une guirlande, dansent et chantent autour de lui, pour lui faire plaisir.

« Enfin, au sommet, une procession naïve et toute droite entrait dans l'église habillée de feuilles qui sonnait, et Jean de Noarrieu et le poète Rustique, retenant leurs chiens de chasse, la saluaient. »

Fantaisie, sourire et magie. Le poète, qui n'a pas voulu, dit-il, chercher l'intérêt, a trouvé un charme. Rustique ne fait-il pas mieux comprendre ce mot de Flaubert : « L'œuvre d'art doit être bonhomme ? » Le bonhomme La Fontaine,, avec ce qu'on a appelé « le plus doux et le plus exquis des enthousiasmes », demeure plus malin que rieur. Il garde, parmi les plus grands, ce je ne sais quoi d'un peu « vieux célibataire » qui déplaisait si fort à Lamartine. Eh bien^ Rustique pourrait être le fruit des amours d'un petit-fils de Jean de la Fontaine et de Clara d'Ellebeuse, par exemple,, une de ces charmantes passionnées dont le sein se gonflait à lire les Harmonies ou Jocelyn. Et Rustique, lui, sait être rieur à la façon des enfants, une des grandes grâces de la poésie.

Quelle aimable chose que son almanach où les mois mènent leur ronde sous les signes fantaisistes du zodiaque. On y trouvera des plaisanteries un peu bien faciles sur les

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