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NOTES 9 1 î

deux que d'autres, — et lui-même, — furent de délicieux fols. Sa barbe ayant blanchi autour de son sourire, ce sourire en a sans doute moins de jeune charme. Mais 1§ charme s'est fait autre, plus paisible.

« — Papa, est-ce que tu es vieux ? demande la cadette.

« — Pas très, mais ma barbe est blanche.

(( — Pourquoi ?...

« — Je ne sais pas.

« La troisième des petites explique :

« — C'est parce qu'il a souffert qu'il a l'air âgé. »

Point tout à fait un roman, ce petit livre, et mieux. On eût dit naguère une tranche de vie, mais de la vie d'un poète. Des poèmes en prose y alternent avec de courtes scènes malicieuses, des minutes d'or avec des tracas et de petites misères. Cela se suit par notes inattendues, un peu^ bizarres parfois, d'autant plus naturelles. Un art qui suggère davan- tage qu'il ne dit, le plus magique, sait ainsi avec très peu de partij:ularités, faire la vie dans son réalisme plus poétique et plus vivante.

Les menues choses et les grandes ici sont les mêmes. Alors qu'il cueille des pissenlits avec ses enfants au long de la voie d'un petit chemin de fer en désuétude et qu'il vient de ren- contrer l'ancien notaire, — Sans doute cherchez-vous l'ins- piration, monsieur Rustique ? • — le poète revoit telles heures de sa jeunesse « poignantes jusqu'à la souffrance ». Il suffit d'un lierre au mur d'une masure, d'un coin de cette gorge qu'il hanta si souvent, chasseur de bécasses, et sa vie tout entière se lève devant lui. Sa vie et son œuvre.

« C'était une colline, une sorte de bois humble et sacré qui s'élevait d'une route pâle.

« Sur cette route, montée chacune sur un petit âne, trois « de ses héroïnes cavalcadaient : Clara d'Ellebeuse, Almaïde « d'Etremont et Pomme d'Anis. La première, sous de lour- « des boucles d'or, baissait un front chargé d'orage et de ciel

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