Page:NRF 14.djvu/885

Cette page n’a pas encore été corrigée

LE NÈGRE LÉONARD ET MAITRE JEAN MULLIN * 879

— Je m'appelle Crâne de Ploum. ^

Et tous les matelots regardèrent le chef en ayant l'air de penser : « Je vous l'avais bien dit. »

Le chef de police ébaucha un geste vague et l'on m'entraîna pour m'enfermer de suite dans une pièce pouvant à la rigueur constituer une prison morale. Je me laissai choir sur un escabeau et sans plus tarder j'eus le loisir de préciser un rapprochement entre cette suite d'incidents ridicules et mon entrevue avec le grand maître, au carrefour de la Croix-Cochard.

Sa puissance m'apparut alors sans équivoque. En me baptisant, selon la coutume, d'un nom stupide, il agis- sait selon son instinct. Crâne de Ploum offrait toutes les garanties d'un qualificatif compromettant. Le démon de la perversité m'habitait alors, et je ne pouvais m'empê- cher de songer que sa puissance n^aurait pu gâter mon avenir, si la fantaisie du Grand Bouc eut choisi, par exemple, le sobriquet de Bassareus pour me nuire.

— La puissance du diable est incontestable. Je n'au- rais jamais dû suivre Katje. Maintenant je ne serai plus que le pauvre Crâne de Ploum, jusqu'à l'heure choisie par ces messieurs Spartaciens pour me fusiller.

Et je me pris à regretter avec désespoir d'avoir cédé à un mouvement de curiosité dont une belle fille inquié- tante avait été l'inspiratrice.

�� �