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S^6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

tour plus décisif; avant de tenter Tépreuve, je pensais bien que des peintres reconnaîtraient, dans les chapitres de la Ligne et du Mouvement, des vérités importantes qui jamais n'avaient été dites avec autant de bonheur.

Parmi les arts littéraires, on voit bien que la poésie lyrique est comprise par Alain plutôt que sentie. Ce qui le touche au plus vif, c'est le Théâtre ou le Roman. Sa théorie sur les jeux de la scène s'accorde fort bien avec les efforts que tentent nos amis du Vieux-Colom- bier. Le théâtre, d'après lui, n'est fait nullement de conversations émouvantes ou plaisantes, empruntées à la vie commune. Il s'en faut bien. Le théâtre est « un de ces arts abstraits et sévères, qui périssent par la 'recherche des nuances et des finesses. » Il s'impose d'abord, et sans précaution. C'est le mouvement du drame qui fait vivre les personnages. Compter sur les caractères et sur \qs idées pour porter le drame, c'est la même erreur que celle du peintre qui chercherait à plaire par le sujet même. Il faut que le sujet plaise par la ligne; il faut de même qu'au théâtre les idées frappent par la situation et le mouvement : avertissement à méditer par Fauteur de Y Ame en folie. Alain partage avec Copeau le goût pas- sionné de la hïwjte farce ; il voit là non pas seulement la pleine force du comique, mais sa plus haute vérité. Autrefois, c'était un scrupule de dignité qui retenait Boileau d'admirer, dans Scapin^ l'auteur du Misanthrope ; aujourd'hui, nous serions gênés plutôt par un supersti- tieux attachement au réel. Or « le danger du naturel et de la vraisemblance, dans le théâtre comique, c'est qu'on s'y enferme et qu'on n'en sait plus sortir. Et l'on vient à faire dire aux personnages ce que l'on dit d'ordinaire,

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