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SUR UN « SYSTÈME DES BEAUX-ARTS » 853

Même dans les arts « décevants » qui semblent tirer toute leur puissance d'une imitation de la nature, ce n'est pas la contrainte du modèle qui règle le plus sûre- ment la fantaisie. S'il est beau que l'invention retrouve la nature, cette condition ne passe pas avant tout. Le vrai modèle, c'est l'œuvre même. La résistance de la matière, voilà ce qui soutient l'artiste, et le guide, et vraiment l'inspire, en le sauvant de l'improvisation creuse et de l'instabilité d'esprit. Si un certain délire conduit aux arts, c'est donc toujours à condition que le délire soit surmonté. L'action des arts ainsi formés n'est pas de stimuler en nous le jeu des rêves, mais au contraire de remédier à la rêverie errante et triste en lui imposant un objet : une belle statue, centre de pensée, éteint les images; une belle peinture retient toute la pensée attachée en quelque sorte à la couleur. Tel est aussi l'effet d'une belle prose : car écrire c'est sortir du rêve, c'est se réveiller, et toujours les écrits d'un homme valent mieux que ses idées.

��IV

��Ces vues sur l'Imagination occupent à peine un dixième du volume. Mais par cette critique un obstacle est levé, laissant libre la voie qui conduit, sans plus de détours, à l'analyse des arts concrets. Si le beau existait d'abord en idée, dans un monde tout intérieur, c'est là qu'il faudrait l'étudier pour le défitiir par des lois com-

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