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846 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

les exemples pour illustrer des vérités banales (comme l'influence du milieu) ; elle n'étale pas ses informations ; même, le plus souvent, les exemples sont seulement suggérés ; et c'est l'idée, se formant sous nos yeux, qui nous imposé le souvenir des faits. J'aime cette façon d'écrire, par où nous avons part aux joies de la recherche et de la découverte; mais avouons qu'elle ne va point sans une tension parfois excessive. Ce livre dense manque d air. La plénitude concentrée des formules, la succession serrée des liaisons logiques décourageraient une lecture hâtive. Il convient que le lecteur soit attentif et de loisir, qu'il veuille bien s'arrêter pour lire entre les lignes, et consente à ne méditer qu'un seul chapitre à la fois.

Alain a choisi son public : c'est aux artistes qu'il s'adresse « en vue d'abréger, dit-il, leurs réflexions pré- liminaires ». Comment accueilleront-ils cette intrusion d'un amateur ? D'abord je les vois sourire, ou bien froncer le sourcil. S'ils se décident pourtant à ouvrir le volume, peut-être seront-ils rassurés par les phrases que voici :

« Un. artiste perd son temps à chercher, parmi les simples possibles, quel serait le plus beau, car aucun possible n'est beau ; le réel seul est beau. Faites donc et jugez ensuite...

a Pense ton œuvre, oui, certes ; mais on ne pense 'que ce qui est ; fais donc ton œuvre.

« Toutes les fois que l'Idée précède et règle Texécution, c'est industrie... L'idée vient à Tartistc à mesure qu'il fait ; il serait même plus rigoureux de dire que l'Idée

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