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UNE TACHE AU BLASON 813

je sais que le maître de tous les mondes est bon, et ma raison se récuse, incapable de concilier ces contraires. A quoi nous servent nos sens ? Voici au dehors le jour joyeux, voici ma bibliothèque, et ce fauteuil où mon père s'asseyait à son aise, à sa manière de soldat, et moi je me tenais entre ses genoux, et je l'interrogeais. Et Gérard, notre vieux garde, nourri par nous, comme il le dit, de père en fils, depuis des âges à notre service, m'a raconté une histoire — qu'il faut que je croie.

Que Mildred... mais non ! les deux histoires sont vraies,, l'histoire infâme du garde, et celle de son pur visage 1 Voudrait-elle, pourrait-elle errer ? encore moins mêler la trahison, la ruse, la... que le Ciel me soutienne ! Je vais m'asseoir là, jusqu'à ce que mes pensées s'éclai- rent et que je voie ma route.

Oh ! Dieu, éloigne de moi cette abomination !

(Au moment où il se laisse aller, la tête entre les bras sur la table, on entend à la porte la voix de Guendolen.)

GuENDOLEN. — Lord Tresham ! (Elle frappe.) Est-ce que Lord Tresham est ici ?

Tresham (se retourne en hâte, tire de la bibliothèque le premier livre venu et Touvre). — Entrez !

{Elle entre.) Ah ! Guendolen ! Bonjour ! Guendolen. — C'est tout ? Tresham. — Que voulez-vous que je vous dise ? Guendolen. — Plaisante question ! Me dire ? Ai-je assiégé la pauvre Mildred jusqu'à minuit en lui faisant les éloges du comte, du comte dont je lui ai tellement

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