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LE NÈGRE LÉONARD ET MAITRE JEAN MULLIN 723

Une bande de cultivateurs s'interposa entre la jeune dame et moi : je la perdis de vue. A ce moment Katje, dont personne ne semblait remarquer la nudité bien qu'elle fût la seule femme nue de l'assemblée, me poussa du coude et me souffla à l'oreille : « Suis les autres ; mets-toi derrière le père Goblet et fais comme lui. »

Elle traversa les rangs en courant dans la direction du bouc, ou plus exactement du faune attristé que le han- neton et le nègre enguirlandaient de grands gestes serviles.

je pris la file derrière le père Goblet que je reconnus à sa casquette en peau de taupes. Il cligna de l'œil dans ma direction pour marquer qu'il me reconnaissait. Le paysan à la cloche de corne bénissait les postulants à grands coups de sons étouffés.

Piétinant derrière Goblet, avançant à petits pas, je me trouvai au bout d'un quart d'heure en présence du maître. Goblet s'était incliné et le baisait sous la queue. Le cul du grand maître, selon la tradition, était semblable à un visage et ce visage était une réplique plus solen- nelle de sa vraie tête de faune désabusé.

Je fis comme les autres en accomplissant cette répu- gnante cérémonie et je me trouvai, par cette initiation, un peu plus libre de mes mouvements dans cette assem- blée peu frénétique.

Au loin nous entendîmes un orgue, semblable à celui d'un manège de chevaux de bois. Puis le nègre ayant vociféré, le hanneton discipliné leva sa baguette et le diable vint marquer les enfants dédiés à son culte.

II avait pris cette fois l'apparence d'un médecin de campagne. II allait et venait parmi ses ouailles touchant

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